Le chef Leonardo García Alarcón, le chorégraphe Angelin Preljocaj et la plasticienne Prune Nourry :
trois figures de proue réunies au Grand Théâtre de Genève pour la création en première suisse de l’opéra-ballet Atys, chef-d’oeuvre musical de Lully.
Sensuel, capiteux et innovant.
Poursuivant l’exploration de l’opéra-ballet commencée avec Les Indes galantes il y a déjà deux saisons, le Grand Théâtre et Leonardo García Alarcón à la tête de sa Cappella Mediterranea, s’attribuent les services du grand chorégraphe français Angelin Preljocaj, pour mettre en scène Atys, ce chef-d’oeuvre quelque peu oublié de Lully. Il se dit que Louis XIV, commanditaire de l’oeuvre, en était si épris qu’on l’entendait fredonner les airs lorsqu’il se promenait dans le palais.
Artiste prolifique, chorégraphe et ici pour la première fois metteur en scène, Angelin Preljocaj aime explorer les univers les plus divers et tisser des liens entre aujourd’hui et hier, la tradition et la modernité, des éléments qui semblent, au premier abord, disparates. C’est aussi son premier accointement avec l’art lyrique. Rien de mieux à cette occasion qu’un opéra-ballet de la main du grand Lully.
Il est rejoint à la scénographie par une artiste plus téméraire dans sa pratique audacieuse et pluridisciplinaire – qui allie la conceptualisation de haut vol à la performance, la photographie, la vidéo et la sculpture – la jeune plasticienne française Prune Nourry. Sa scénographie pour cette production d’Atys sera sa première incursion sur la scène de l’opéra. L’artiste Jeanne Vicérial, fondatrice de Clinique Vestimentaire, un laboratoire dédié à la réflexion autour du corps et du vêtement, signe les costumes.
Tandis que les danseurs et danseuses du Ballet du Grand Théâtre donneront corps à cette histoire de non-dits et de réticences, les chanteurs prêteront leur voix aux personnages en guerre contre la révélation de leurs propres sentiments. En tête d’une distribution de spécialistes baroques, la voix angélique d’Ana Quintans en Sangaride, le ténor percutant de Matthew Newlin dans le rôle-titre et Giuseppina Bridelli dans celui de Cybèle.
Exhumé par William Christie dans une production scénique en 1987 avec la renaissance du baroque, plus personne n’osait approcher ce graal du répertoire de la pratique historique. L’intrigue mythologique de l’opéra, établie par le librettiste Philippe Quinault, est pourtant très riche. Tirée d’Ovide, elle raconte un quadrangle amoureux : le jeune Atys, prêtre de la déesse Cybèle, et Sangaride s’aiment, mais Sangaride doit épouser Idas, le roi de Phrygie, et Cybèle aime à son tour Atys. Les triangles amoureux impliquant des divinités ont tendance à se terminer particulièrement mal… et celui-ci n’y fait pas exception.
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