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Une soirée entre passé et présent avec deux des pièces les plus emblématiques d’Angelin Preljocaj et sa récente création. Entre la subtilité bouleversante d’Annonciation et la frénésie de Noces, le chorégraphe nous offre un éloge de la lascivité avec Torpeur. Un triptyque d’une beauté époustouflante.
Vous ouvrez cette soirée par Annonciation. Quelle était votre intention pour ce duo féminin, devenu emblématique, entre Marie et l’ange Gabriel ?
Je voulais explorer ce que l’idée de religion a insufflé dans l’art, en quoi elle a été inspiratrice de créations fortes et d’œuvres nombreuses. Si la peinture s’est maintes fois posée sur l’Annonciation, la danse l’a quasiment évacuée, ce qui est étonnant. Le thème interroge pourtant le corps, son bouleversement, et parle aussi de rencontre et de naissance à venir. Par glissement, c’est aussi une réflexion sur l’art conceptuel que j’ai explorée.
La religion est-elle un sujet autour duquel vous aimez graviter ?
J’aime surtout revenir à l’idée que la racine « religere » signifie « relier », c’est-à-dire se nouer les uns aux autres.
Avec Torpeur, c’est une nouvelle création que vous nous offrez …
Je l’ai envisagée comme une articulation contrastée entre les deux pièces de répertoire. Si l’on aime le printemps, c’est aussi parce que l’on a traversé l’hiver. Le passage d’une saison nourrit le plaisir d’en aborder une autre et c’est la même chose avec un programme. Torpeur nous fait passer d’un état à un autre dans une forme de complémentarité et d’opposition. Elle s’éloigne de la douleur, invite à une forme de lâcher-prise, à un état de corps plus rond, et crée le désir d’une pièce comme Noces qui est touffue, énergique et sauvage.
Cet état de corps, l’éprouvez-vous vous-même au moment de la création ?
Dans ce cas, je n’étais pas dans un état de torpeur ! Mais lorsque je crée, je suis à fleur de peau et dans une auto-critique permanente par rapport à ce que j’essaie de montrer. C’est une hypersensibilité terrifiante qui peut être douloureuse et anxiogène mais qui n’exclut pas la jubilation.
Noces, que vous avez créé il y a plus de 30 ans, garde toute sa férocité et son engagement physique. Elle résonne même de manière plus forte et directe aujourd’hui. Comment le ressentez-vous ?
Je vois bien, en effet, qu’elle trouve un écho plus aigu aujourd’hui où les questions de parité, d’équité et de violences faites aux femmes sont prégnantes. Elle a cependant, pour moi, toujours résonné de la même manière. Dès l’adolescence, je me suis inscrit en réaction à une culture patriarcale et à certains diktats familiaux oppressants. Noces était sans doute avant-gardiste sur le fond mais sa forme et le jeu d’écriture avec la musique de Stravinsky avaient rencontré l’enthousiasme du public. Aujourd’hui, le plaisir de la forme et du fond convergent et j’en suis ravi.
Cette réflexion sur la forme semble soutenir votre travail …
Alors que la forme est parfois méprisée - ne dit-on pas « c’est formel ! » -, on n’a pourtant rien trouvé de mieux qu’elle pour exprimer le fond. Un contenu a besoin d’un contenant pour être porté et pour ne pas tomber dans le vide. Comment peut-on lire sur le corps telle émotion, telle idée ou tel état ? Comment peut-on lui donner une forme ? C’est ce qui me fascine.
LA PRESSE EN PARLE
« Pièce maîtresse du répertoire du Ballet Preljocaj, Annonciation est une oeuvre lumineuse, troublante et captivante, à l’esthétisme rare, qu’il est bon de voir ou revoir, encore et toujours ! »
L’Oeil d’Olivier
« Au coeur du spectacle, embrassée par les désormais classiques pièces Annonciation et Noces, la dernière création du chorégraphe, Torpeur, explose de sensualité. Un triptyque sublime. Beau à couper le souffle. »
Télérama
« Saisissante et percutante, Noces emporte tout sur son passage.
Une chorégraphie puissante et physiquement très engageante pour les danseurs et danseuses, raconte le drame des
mariages forcés de très jeunes filles. Plus de 30 ans plus tard, Noces n’a rien perdu de sa férocité implacable. »
Danses avec la plume