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C’est une histoire de rencontres qu’Angelin Preljocaj déroule sous nos yeux avec ce triptyque où il conjugue les étreintes, les retrouvailles et les rendez-vous manqués.
Entre duos et duels, sa grammaire chorégraphique est toujours aussi acérée.
ANNONCIATION
« Quelle clé détient le concept de l’Annonciation ? Qu’est censé ouvrir en nous cet événement fondateur d’une religion ?
Alors que de nombreux peintres depuis deux millénaires ne cessent d’interroger ce catapultage de symboles antinomiques qu’est l’Annonciation, il est étonnant de constater que ce thème à la problématique si proche du corps soit quasi-évacué de l’art chorégraphique. Pourtant, ce qui est en jeu ici est évidemment fascinant.
Dans l’iconographie traditionnelle, Marie est souvent représentée dans un jardin clos qui symbolise sa virginité. Une similitude se dégage alors entre son espace intérieur et son environnement.
L’intrusion de l’ange dans cet univers intime apporte avec lui l’annonce du bouleversement métabolique de son corps. C’est pourquoi, bien que dans le texte la Vierge exprime une soumission sereine à l’événement, de nombreux artistes lui ont donné des attitudes exprimant le doute, l’inquiétude, voire la révolte. Cette simultanéité étrange entre soumission et révolte, cette déflagration de l’espace et du temps, nous signifient qu’au moment même où le message est délivré le processus biologique de la fécondation est en route. On est en fait dans l’acte concepteur.
Cette genèse par glissements successifs nous ramène évidemment au mécanisme même de la création artistique, le message passant du virtuel au réel. Ce que l’on appelle aujourd’hui l’art conceptuel ne serait-il pas, plutôt qu’un art abouti, l’annonce d’un art nouveau, l’Annonciation d’un art à naître ? »
Angelin Preljocaj
Juin 1995
UN TRAIT D'UNION
« Les rencontres semblent toujours du domaine du fortuit, complices du hasard, ces moments paraissent ouvrir en nous des devenirs sublimes et énigmatiques. Pourtant chacun de nous cherche l'autre, comme dans « le banquet » où Platon nous parle de ces êtres parfaits qui un jour sont séparés en deux par les Dieux et dont chaque moitié cherche aujourd'hui
son « manquant », celui qui sera réellement le complément vital.
Mais ne cherchons-nous pas plutôt à trouver chez quelqu'un, un point de suture, un trait de caractère qui annihilera d'un coup notre solitude essentielle ?
Comme pour se prouve que l'on existe vraiment, comme si n'existait que "ce qui est en relation avec".
Un trait d’union voudrait effleurer cela, cette quête inlassable entre deux êtres cleptomanes qui se font mutuellement les poches de leur inconscient pour trouver ce qui les connectera, qui réduira leur solitude à néant, qui les fera exister l'un au regard de l'autre.»
Angelin Preljocaj
LARMES BLANCHES
« ... Quelques mois plus tard un Preljocaj méconnaissable, libéré, inspiré, laisse passer dans sa nouvelle chorégraphie un souffle poétique sans entrave...
Il compose une pièce d’amour raffinée et tendre. Il s’y livre corps et âme...
... Tout commence dans un prélude statique; deux danseurs aux aguets fixent quelques particularités de mouvements élémentaires. Puis un quatuor prend son envol, sur tous les vecteurs de l’aire scénique, dans une variété d’échelles et de registres très riches. Le geste mécanisé, sans étapes transitoires, revient. Mais arrondi aussitôt, dans un lié doux, ondoyant, avec des réminiscences baroques, des figures surannées qui, à leur tour, se raidissent et se cassent. Alternances délibérées de style qui se superposent en un permanent trompe-l’oeil.
... Preljocaj est un musicien lui-même, on s’en doutait. Fasciné par le contrepoint, il compose sa danse comme une polyphonie orchestrale...
...Larmes blanches est une pièce délicate qui traite des rapports obscurs de deux couples aux prises avec les conventions de la vie. Les danseurs développent des esquisses du vocabulaire classique, le détournent, lui donnent des angles vifs et des accélérations surprenantes. »
Laurence Louppe
LA PRESSE EN PARLE
« Pièce maîtresse du répertoire du Ballet Preljocaj, Annonciation est une œuvre lumineuse, troublante et captivante,
à l’esthétisme rare, qu’il est bon de voir ou revoir, encore et toujours ! »
L’oeil d’Olivier
« (Un trait d’union) Un superbe duo pour deux garçons sur le thème de la quête de l’autre. »
Le Figaro
« Larmes blanches (…) développe une gestuelle précise et raffinée selon des phases répétitives, interprétées en chœurs ou en canons. Des attouchements, des ébauches de caresses, se figent dans l’étirement d’une arabesque ou d’une révérence.C’est, délicatement suggéré, l’enfermement des passions dans l’ordonnance polie de la danse classique. »
Le Monde