La torpeur est un état de corps, entre la sidération, la prostration, la nonchalance, l’abattement, et l’abandon, cet état évoque un renoncement. Un curieux sentiment d’étrangeté circule dans les parties les plus secrètes du corps et s’empare des viscères, des tendons, des muscles, du sang. Le squelette lui-même semble flotter au bord de la dislocation, provoquant une suspension dans le temps et l’espace qui interroge l’urgence de se mou-voir, la repoussant au loin vers un futur indistinct.
Cet état de corps peut générer aussi une forme de sensualité voire une grâce languissante. Le contact et la relation à l’autre s’engagent alors lentement, teintés d’une saveur pesante. La chaleur, cause ou conséquence du trouble, envahit l’organisme ; la peau recherche l’air pur et le frôlement.
S’effondrer devient alors une épiphanie, un alanguissement savoureux.
Convoquer à nouveau les corps, l’espace et le temps, pour donner une forme à l’indolence, pour trouver un rythme à la lenteur et peut-être inventer une nouvelle grammaire paresseuse de l’hébétude, voilà les enjeux de ce projet.