Colectivo Malasangre

Le Colectivo Malasangre était en résidence au Pavillon Noir pour sa création Que Bolero o en tiempos de inseguridad nacional qui fut présentée au Théâtre les 03 et 04 mai 2022.

Qué bolero o en tiempos de inseguridad nacional est une création hybride, entre danse et performance. Le Boléro de Maurice Ravel en est le terrain de jeu symbolique pour produire des formes de déterritorialisation. Immigrés cubains, Ricardo Sarmiento, Luis Carricaburu et Lazaro Benitez cherchent à mettre en crise le concept d’intégration sociale en jouant sur l’absurde. Pour mieux remettre en question les mécanismes du colonialisme moderne et les relations dictées par une position de pouvoir. Un projet collaboratif, une aventure politique et créative par ce jeune collectif d’« artivistes ».

« Nous sommes trois artistes nés à Cuba dans les années 90, entre la chute du camp socialiste, l’arrivée de la période dite spéciale, au milieu de la crise du grand récit de la nation et de la Révolution cubaine. Nous avons été marqués par le déficit économique de notre pays, l’inventivité, et la migration massive de cubains. Aujourd’hui, nous faisons partie de la diaspora cubaine vivant dans différentes villes d’Europe (Marseille et Berlin). En 2020, nous avons décidé de fonder le Colectivo Malasangre : un projet collaboratif mêlant danse et performance, imprégné de pratiques fortement liées au politique et au social.

Qué Bolero o En tiempos de inseguridad nacional est une pièce qui, depuis nos corps, explore les notions d’identité, de territoire et d’exil. Nous nous interrogeons sur la manière de faire partie d’une nation et son peuple en puisant dans des sons et mouvements propres à la culture populaire cubaine : la conga, le carnaval, le cabaret et le boléro cubain. Ils activent en nous des corporéités qui font appel à des lieux et des gestes qui ont construit nos présences et qui ne cessent de les façonner. Nous traversons alors des espaces précis : la nuit à La Havane, les rues de Santiago de Cuba, la couleur et la température d’une île pailletée qui s’oppose progressivement à des zones moins touristiques et plus intimes.

Nous nous sommes réappropriés le Boléro de Ravel en tant que pièce emblématique de la culture occidentale, comme un territoire culturel, symbolique mais aussi sensoriel et physique. Notre rapport à cette œuvre part d’une sensibilité décentrée, qui trouve le sens dans le métissage. Pour cela, nous avons créé un dispositif chorégraphique où notre mémoire émotionnelle et corporelle émerge, provoquant une friction avec le Boléro de Ravel et par conséquent avec tout ce qu’il représente. »

Colectivo Malasangre